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Ce fut le « chouchou » du couple Macron, le « cerveau » du président de la République (selon Le Point), l’un des visages du macronisme triomphant, avant la disgrâce. Jean-Michel Blanquer, qui a organisé la première université d’été de son think tank Le Laboratoire de la République, du jeudi 29 au samedi 31 août, à Autun (Saône-et-Loire), en lisière du Morvan, offre dans un livre (La Citadelle, Albin Michel, 415 p., 21,90 euros) une plongée rare dans le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, décortiquant un système de pouvoir à la fois ultracentralisé et soumis à d’incessants changements de pied, inhérent au « en même temps ».
L’ex-ministre de l’éducation ne cache rien de sa fascination première pour ce jeune président de la République disruptif, intelligent et cultivé, partisan du dépassement des clivages. L’homme, qui lui donne un rendez-vous dans le restaurant Je Thé Me à Paris, le séduit d’emblée : un « charmeur de serpent ». Leur relation est au « beau fixe » : rencontres fréquentes, où ils refont le monde, au diapason ; une visite côte à côte du tombeau du Christ à Jérusalem ; un « dîner aux chandelles » au palais de l’Elysée. Surtout, Macron soutient toutes les réformes de son ministre, dont le dédoublement des classes en CP et CE1 dans les zones d’éducation prioritaire, l’une des réformes emblématiques du macronisme. Rien ne paraît résister à l’ancien recteur, qui ne s’interdit pas de penser à Matignon.
Plus grandes seront la chute et la désillusion. Le fait d’avoir osé dire « non » au chef de l’Etat, qui le voulait tête de liste de la majorité en Ile-de-France aux régionales de 2021 met Macron dans une « colère gigantesque », et précipite la « descente aux enfers ». Les « off » malveillants fleurissent, sa « raideur » de « laïcard » est raillée, il perd des arbitrages… Sa saisine du Conseil constitutionnel sur « l’enseignement immersif » met en rage les défenseurs des langues régionales. François Bayrou l’appelle, furieux : « Ta tête est sur le billot. Je vais demander au président [de la République] que tu partes. Et il me l’accordera. »
Implacable, Blanquer décrit les faux-semblants d’une cour dont il fut l’un des figurants les plus empressés. Se plaçant sous la protection de Brigitte Macron, la « bonne fée de l’Elysée », qui l’« épate » pour son « naturel » et sa « gaieté », le ministre a le tort de ne pas considérer assez le puissant secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, au pouvoir « exorbitant » : « [Ses] jugements à l’emporte-pièce pouvaient avoir plus de poids qu’une décision mûrie collectivement depuis des mois et qui concernait des milliers de gens », déplore-t-il.
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